[HS : j'ai cherché les dortoirs comme un demeuré avant de tomber dessus par hasard... UBERRASHUNG, v'la les dortoirs !!! ]

Le match de Quidditch avait été éprouvant, ce qui m'avait permis de décompresser un peu. Bon, tout le monde le sait bien, j'ai un petit soucis de soupape cérébrale. C'est pour cela que peu de gens m'apprécient. Un peu trop déglingué, le Rabastan. T'es sûr que c'est vraiment ton frère Rod? Parce que là, le gosse, il a l'air d'avoir été cogné trop souvent contre un mur. Si ils savaient... Enfin, non, peut-être est-ce plus sage de préserver leur innocence. Toujours est-il que ce match de Quidditch a été une véritable tuerie. En même temps, être gardien, ça donne souvent ce résultat. Avant, j'étais batteur et c'était génial. Personne n'osait s'approcher de Rabastan la Terreur et ses Cognards qui foudroient. Une putain de réputation, moi, j'vous le dit. Vous? Mon public imaginaire, voyons. Qui d'autre? Regulus est en chemin pour le dortoir, s'il n'y est pas déjà. Rosier m'avait demandé de l'aider à ranger. C'était le tour de Colverbert, mais il a été envoyé à l'infirmerie pour se faire remettre une clavicule par mademoiselle Pomfresh. Je crois que Diggory lui est rentré dedans... ou un truc du genre. De toute façon, Colverbert est un crétin, et il sent le parchemin mouillé. Pas le genre de type que je fréquente.

Bon, puisque tout est rangé et que même Rosier est parti, ça devrait le faire, non? C'est ce que je croyais, moi aussi. Ce qui explique pourquoi je rase les murs et... et tout est tout noir... je crois que je vais faire un somme...

Quand Rabastan reprit conscience, il réalisa qu'il aurait dû, lui aussi, passer par l'infirmerie. Il sentait déjà venir les bleus qui lui zébreraient la peau pour les deux semaines à venir. Foutu Rodolphus. Si Rosier avait décidé que Rabastan remplacerait Colverbert, c'était parce qu'il avait laissé passé deux buts de Poufsouffle. Une véritable honte, surtout pour un Lestrange. Rodolphus avait souhaité y remédier, et Rosier avait fermé les yeux, comme d'habitude. Rabastan toussa, ce qui déclencha une quinte de toux plutôt douloureuse. Merde ! S'il retournait au dortoir dans cet état, toute la maison allait se foutre de lui. C'était sans doute la grande fête aux cachots, après une victoire 210 à 20 pour Serpentard. Impossible de traverser la salle commune sans se faire humilier par tous les autres élèves. Rodolphus et Lucius devaient déjà l'attendre à l'intérieur... Rabastan se laissa couler le long du mur de pierres jusqu'au sol pavé. Il ne pouvait pas dormir dans le couloir, ça faisait clochard et Rabastan n'était pas un clochard. Il était un sang-pur. Un noble représentant de la race sorcière... du moins l'espérait-il. Son regard se posa sur son uniforme, tâché de sang à plusieurs endroits. Il retira la cape et le pull, trop défraîchis pour faire croire à un match violent, et ôta également les protections de tibias, complètement inutiles. Quel était le crétin qui avait eu l'idée de rajouter des protections de tibia au Quidditch, mais aucune protection pour les côtes, les poumons, ou la colonne vertébrale ? N'importe quel moldu en aurait eu l'idée... Enfin, les moldus n'étaient pas si bêtes que ça. Ils avaient traversé les âges sans trop de soucis.

Bientôt en bottes, caleçons longs et t-shirt, Rabastan se sentit plus léger. Du coin de sa robe de sorcier, il essuya la boue séchée et le sang qui avait coulé sur sa joue. Avec un peu de chance, Regulus ne ferait aucune remarque. Attrapeur, il avait dû passé le match à scruter le terrain. il n'avait peut-être pas eu le temps de surveiller Rabastan et penserait sûrement que c'était juste un match un peu plus brutal que les autres. Oui, c'était sans aucun doute ce qui avait dû se passer. Et Rabastan n'aurait qu'à traverser la salle commune très vite, en prétextant un devoir non fait et... par Merlin ! le devoir d'Astronomie ! Et le devoir de Métamorphose ! Le parchemin de Potions !!!! Le jeune homme poussa un juron qui fit grincer des dents un portait, auquel Rabastan répondit par un sourire cajoleur avant d'entrer dans la salle commune.

Là, il joua des coudes pour passer, serrant les dents à chaque contact avec un corps humain ou un objet. Il avait mal partout, et il était épuisé. Le match de Quidditch avait été éprouvant, et la "discussion" avec Rodolphus tout autant. S'il avait été d'une autre humeur, il aurait sans doute attrapé une bièraubeurre et aurait passé une bonne heure avec Regulus, mais il ne s'en sentait pas le courage. Rabastan se faufila donc jusqu'au dortoir, se glissa silencieusement dans la chambre et jeta sa boule de vêtements dans un coin. Son balai traînait sans doute encore aux vestiaires. Le gardien s'étira doucement, réprimant une grimace quand son corps entier se rappela à lui. Il enleva ses bottes avec difficulté. Se baisser lui laissa supposer qu'il avait de beaux hématomes dans le dos. Früshtück. Il admira la manière dont ses bottes churent sur le sol avec une passivité déconcertante, même pour lui. Surtout pour lui. Il avait mal à la tête, ce qui devait, sans trop spéculer, être une résultante du coup de talon que Rodolphus lui avait mis. Ca, ou peut-être l'expelliarmus en pleine tempe. Rabastan n'était pas très sûr : tout était devenu confus après le deuxième sortilège de doloris. Il aurait bien voulu s'effondrer sur son lit, mais il aurait pour cela fallu plier les genoux. Les lits de Poudlard étaient d'une taille telle qu'il fallait presque faire de l'équitation pour savoir monter dessus. Fatigué, Rabastan se changea de t-shirt, optant pour un modèle trop grand pour lui. Il pourrait dormir dedans sans avoir besoin de trop de mouvements : il s'enfilait facilement et, quand Rabastan serait moins fatigué, il pourrait même se mettre un ou deux bandages sans avoir besoin de batailler avec un vêtement trop ajusté. Le col lui descendait trop bas, exhibant une épaule marbrée de rouge et de bleu. Il retira ses gants, et caleçon aux couleurs de l'équipe, restant en boxer et tee-shirt, appuyé contre le baldaquin de son lit. Il reprenait son souffle, les yeux fermés, essayant de chasser la nausée que tant d'agitation vestimentaire avait produite, occultant le bruit de la fête et des cachots. Les vibrations du lac se sentaient dans le sol. Rabastan avait envie de pleurer.

[mon titre est une chanson voyons, petit moldu de la culture! ]

Rabastan grimaça quand les doigts de Regulus effleurèrent le bleu.
Il se laissa tomber sur le coffre devant son lit.

"Je ne t'avais pas vu..."

L'avantage d'avoir Regulus comme camarade de chambrée, c'était d'avoir un ami en toute situation. Regulus et Rabastan avaient grandi dans le même milieu et se connaissaient depuis tout petits. Ils avaient toujours été proches, et le fait d'être les deux seuls Serpentards de leur année était... une forme de bénédiction.

"T'as drôlement bien joué Reg. C'était du grand art."

Si Rabastan n'était pas toujours très calme, ces petits moments avec Regulus avait toujours eu sur lui un effet apaisant. Ne pas avoir à douter de l'affection de quelqu'un, c'est reposant. Et surtout très réconfortant. Rien à voir avec les deux doloris de tout à l'heure. Le jeune homme soupira.

"Tu sais bien que Pomfresh me fiche les chocottes quand elle me tripote. Soit disant qu'elle m'ausculte... du flan oui. toi et moi, on sait bien qu'elle fantasme sur moi."

Depuis trois ans maintenant, Rabastan évitait Pomfresh comme la peste. Elle avait la main baladeuse (surtout sur les bleus) et le regard perçant d'une chouette effraie à l'affût. Rien de bien rassurant pour qui ne pouvait se permettre de salir l'honneur immaculé (hmm hmm) des Lestrange. En conséquence, Regulus s'occupait de toute blessure suspecte, sans poser de question. Rabastan aimait s'autopersuader que Regulus ne disait rien parce qu'il n'y avait rien à dire.

"Tu sais si ils vont faire la bamboula pendant longtemps en bas?"

Rabastan était fatigué, ankylosé et un véritable zèbre d'ecchymoses. Rodolphus savait toujours là où frapper pour faire mal... Rabastan commençait à sérieusement se demander si c'était ça qui faisait de lui un meilleur Lestrange que son cadet... Après tout, personne n'avait jamais eu honte de Rodolphus, et il était très populaire. Tout le contraire de Sirius Black, le frère de Regulus. Il ne frappait pas les gens, et tout le monde à Serpentards le détestait. Regulus n'en parlait pas beaucoup, alors Rabastan faisait de même.

Sous les ministrations de Regulus, Rabastan commençait à avoir sommeil. Tout ce qui pouvait le débarrasser de cette foutue migraine lui ferait plaisir. Et si s'endormir en pleins milieu d'une discussion était la solution... non. Rabastan aimait bien la voix de Regulus. Le ton n'était jamais méprisant, et mieux, là où la plupart des gens trouvaient Black détaché, voir froid, Rabastan le trouvait plutôt chaleureux. Ce qui lui faisait l'effet d'un duvet bien chaud un soir, au coin du feu.